J’ai toujours été fascinée par le passif, des lieux, des gens, du temps qui passe … Je suis par conséquent très attachée aux traditions, j’ai un véritable respect pour ce qui a été et son impact dans le présent. Dans la petite association japonaise où je m’étais inscrite pour des cours de cuisine, il y avait une exposition de photo, jusque là rien de très intéressant, je n’ai jamais eu la capacité à dire autre chose que « c’est beau » ou « c’est laid » face à l’art en général.
Quand j’ai posé les yeux sur les cadres dans l’attente de mon cours, j’ai été littéralement captivée et ainsi est née ma fascination pour les photos d’endroits abandonnés, comme si la vie les avait quittés d’un coup, comme si les gens s’étaient levés un matin et étaient partis en laissant tout sur place.
Cette première série représentait une ancienne île minière du Japon nommée Hashima, elle fut le territoire le plus dense du monde, puis avec le déclin de l’industrie, fut interdite en 1973. Elle est depuis livrée à elle même et ce n’est que récemment que des personnes ont pu y retourner et ramener des clichés.
Je m’intéresse peu au pourquoi du comment, l’idée de l’argent jeté par les fenêtres ne me traverse même pas l’esprit. Non moi je veux juste savoir comment des gens ont fait pour partir sans jamais se retourner, comment la vie a pu quitter un endroit à ce point. Autant des iles abandonnées … des parcs d’attractions ou des chantiers non finis, mais Détroit ? Cette série de photo m’a mis une sacré claque. Mais ce n’est pas de l’indignation face à la désolation, je serai plutôt reconnaissante de l’existence de tels clichés même si j’ai du mal à concevoir leur existence. C’est un peu comme imaginer la fin du monde, c’est un mauvais film qui prend vie, c’est inconcevable et pourtant ça existe.
Je fais particulièrement attention aux détails, dans ces photos il y a des choses que je ne m’explique pas, la présence d’un nounours sur le quai d’une gare par exemple. Où est l’enfant a qui il appartenait ? Comment au dernier jour de la vie de cette gare une peluche a-t-elle pu arriver là ? D’ailleurs c’était comment le dernier jour ? Est-ce que la journée s’est passée comme d’habitude et le soir venu on apprend qu’on ne reviendra plus, que c’est la fin ? C’est comme si tous ces lieux avaient attendu en vain le retour de leur maître, patientant dans la poussière que les objets retrouvent leur utilité et les lieux leurs fonctions. Un peu comme dans ces contes de fée où d’un coup de baguette magique la ville endormie depuis des siècles reprenaient tout d’un coup des couleurs plus humaines.
Parfois les histoires sont plus attendrissantes que d’autres, ainsi cette vielle dame est décédée et ce n’est que dans son testament qu’on a découvert l’existence d’un appartement à Paris. Le lieu n’avait pas été visité depuis 1940. Tout était resté en état, d’époque, pour le coup c’est nous qui entrions dans une vielle photographie. Les objets anciens ont ce charme d’un voyage temporel, celui des souvenirs parfois, mais là clairement on avait l’impression de profaner un temple. C’est le genre de découverte qui te donne envie d’enterrer une time capsule avec des choses pour le futur genre « salut, voici ma vie là maintenant » avec l’idée qu’un jour, quelqu’un la trouvera et ce sentiment de présent sera alors relégué a un passé peut être lointain.
Le plus saisissant je pense, reste les parcs d’attraction, là pour le coup on ne sent pas ce vent de nostalgie ou de mélancolie mais bien l’air glacé un bon vieux trip malsain. Ces lieux d’enfant dévastés ont un arrière gout acre comme si c’était l’enfance même qui était saccagée. Les lieux abandonnés de vie sont morts et dans ma tête c’est un peu comme si ses habitants aussi, alors autant sur les autres photos il y ‘a une impression de vieillesse qui atténue ce sentiment, autant sur les parcs d’attraction ça fait beaucoup d’innocents sous terre.
Mais non ces enfants sont surement actuellement des adolescents, il n’empêche que le parc de Nara au Japon met mal à l’aise.
Tous ces endroit ne sont pas très anciens, ils ont pour la plupart qu’une cinquantaine d’année, c’est dans ces moments que tu te dis combien la nature reprend vite ses droits si on entretien pas. Si le sujet vous inspire il existe un manga très intéressant appelé 7 Seeds qui narre le réveil de plusieurs personnes dans une nature hostile avant de se rendre compte qu’ils ont été mis en hibernation avant une catastrophe planétaire. Reste à savoir combien de temps ils ont été endormi … (dans la même veine y’a aussi le roi des ronces mais moins subtil pour le coup)
Voilà c’était un petit voyage pour le week end, vous pourrez retrouver la majorité des photos chez leurs auteurs respectifs ou en surfant sur le net avec le nom des lieux et « abandoned »
Détroit: http://www.marchandmeffre.com/detroit/index.html
Nara et bien d’autres: http://www.meow.fr/
Hashima: http://www.gunkanshima.com/
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Très joli article, j’aime beaucoup également ce genre de photos ça me fait à la fois froid dans le dos. Les gens partent mais les murs et meubles restent là, comme des fantômes errants, seuls.